Steve Leroux
Traces, de la série « Chercher l’horizon », 2014-2016
Édition de 2 de 3
Impression au jet d’encre sur papier Hahnemühle
60,96 x 89,4
Cette proposition est extraite de la série
Chercher l’horizon. Ce corpus d’images propose des photographies de paysages captées à travers le verre dépoli d’un appareil photo analogique moyen format. L’image ainsi cadrée est ensuite photographiée par un appareil numérique. Le dispositif de prise de vue mis en place vient brouiller notre perception et apporte un caractère irréel et intemporel aux lieux. Sa complexité oblige une prise de conscience aigüe du moment présent, un arrêt dans le temps, loin de toute instantanéité. Il s’agit d’une réflexion à la fois sur le procédé photographique et sur la représentation du paysage. Avec ces images, l’artiste invite le spectateur à s’immerger dans l’acte photographique, à devenir la personne qui prend la photographie et à se transporter sur les rives du Bas-Saint-Laurent l’espace d’un instant.
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Sarah Madgin
Parenté temporelle, 2023
Impression au jet d’encre montée sur dibond
119,5 x 152,4 cm
Cette œuvre s’inscrit dans une série d’expérimentations réalisées par l’artiste avec d’anciens procédés photographiques. Puisant dans son album familial, elle recadre et réimprime certaines photographies en utilisant la technique du collodion humide. Ce procédé, développé au 19e siècle, implique un traitement des plaques photographiques, qui doivent être enduites manuellement d’une solution photosensible. En explorant les accidents chimiques inhérents à ce procédé, l’artiste interagit avec l’image et révèle une nouvelle perspective sur les souvenirs familiaux. Ce processus lui permet de réfléchir aux liens entre la mémoire collective, la mémoire individuelle et les archives.
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Erik Nieminen
Coucher de soleil dans le deuxième système, 2022
Huile, sable et sciure sur toile de lin
120 x 150 x 5 cm
L’artiste construit un espace où cohabitent plusieurs mondes à la fois. En utilisant différentes stratégies de représentation de la réalité, dont celle du trompe-l’œil, le peintre représente ici à la fois un paysage, un échafaudage, l’emballage de plastique qui protège le tableau et le vol de deux oiseaux en avant-plan. Ces univers à la fois fantastiques et familiers nous fascinent, puisque notre œil passe de l’un à l’autre sans être en mesure de les réconcilier véritablement. S’intéressant à la nature et à l’architecture, l’artiste souhaite mettre en image la conciliation difficile entre les deux. Ses œuvres créent une forme de dissolution de l’espace et de la perspective, impossible dans le réel, mais possible sur la surface de ses toiles.
Cette œuvre a été réalisée dans le cadre d’une résidence d’artiste à Verticale, centre d’artistes à Laval, où l’artiste était mentorée par le peintre David Lafrance. Le tableau fait découvrir une histoire du temps qui passe et des changements qui transforment les lieux. Cette branche, qui rappelle un bâton de sourcier, a été cueillie dans un boisé de Laval. Elle a accompagné l’artiste dans l’atelier, l’inspirant pour la structure du tableau. Les différents éléments représentés – une forêt derrière une clôture et les maisons d’un quartier résidentiel vues à vol d’oiseau – évoquent pour l’artiste le point de vue d’une personne qui revient, après de nombreuses années, et trouve un boisé familier maintenant entièrement transformé.
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Bertrand R. Pitt
Écho : d’après Lhasa de Sela, « La Frontera », 2020
Impression au jet d’encre sur papier 100 % coton Hahnemühle Photo Rag 500 g/m2
Édition 1 de 3
77 x 117 cm
La série photographique
Écho est constituée d'une trentaine de photographies. Ce sont des paysages auxquels s'intègrent des formes d'ondes acoustiques, évoquant les contours d'une ile, d'un rivage, d'une forêt ou d'une ville qui se profile à l'horizon. L'onde intégrée au paysage est produite par des enregistrements de discours, de poèmes, de manifestes ou d'œuvres musicales considérés comme marquants sur le plan collectif ou personnel. C'est comme si certaines voix, paroles ou œuvres avaient le pouvoir de constituer notre tissu social et culturel, l'horizon de nos possibles. Ici, dans ce paysage, l'artiste intègre la représentation visuelle de l'onde sonore produite par la chanson « La Frontera » de Lhasa de Sela.
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Judith Berry
Double Chute Diptyque, 2022
Huile sur panneau de bois
107 x 168 cm (pour l’ensemble)
Petits tableaux : 2 x (23 x 23 cm)
Grande toile : 107 x 122 cm
Ce diptyque, composé d’un grand tableau et de deux petits, rend visible le processus créatif de l’artiste. En effet, les tableautins semblent être des esquisses, et notre regard est invité à parcourir le grand tableau afin d’observer ce qui y a été conservé, transformé ou abandonné par le pinceau. Ce faisant, nous découvrons un univers fantastique et improbable qui est à la fois paysage, nature morte et portrait. Notre interprétation repose en effet sur l’ambigüité d’échelle de ce qui est représenté. Ainsi, une forme végétale peut représenter un arbre, une plante ou une partie d’un visage. L’artiste souhaite que ces glissements de sens visuels et d’échelle inspirent les personnes qui regardent le tableau. Elle les invite, en le contemplant, à l’introspection et à la réflexion sur les changements majeurs liés à la crise climatique et à l’augmentation des inégalités sociales dans le monde.
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Chloë Lum et Yannick Desranleau
I can’t actually follow the rules. I can’t think like a thing, I can’t get in their heads. (Sarah) [Je ne peux pas réellement suivre les règles. Je ne peux pas penser comme ça, je ne peux pas entrer dans leur tête. (Sarah)], 2020Impression au jet d’encre montée dans un encadrement laqué
105,4 x 81,3 x 5 cm
Le duo d’artiste a réalisé cette photographie lors de la performance
The Rules, qui annonçait la série
Stills From Non-Existent Performances, sorte de laboratoire expérimental. Il a demandé à ses collaborateurs et collaboratrices d’interagir avec des objets sculpturaux afin d’explorer leurs formes, leurs mouvements et leurs effets théâtraux. Le résultat a pris la forme de performances improvisées captées lors de séances de photographie. Sur cette image, les différents éléments rappellent des racines et des plantes ou encore, des entrailles. L’interprète se tient dans une pose accroupie qui, difficile à garder, évoque les difficultés des personnes atteintes de maladie chronique. Les artistes souhaitent attirer l’attention sur les effets des interactions entre les êtres humains et les objets inanimés.
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Chun Hua Catherine Dong
Reconnection No. 2, 2021
Impression numérique
81,28 x 121,92 cm
Cette série a été produite lors d’une résidence au Musée de Charlevoix. Sur la photographie, on peut voir l’artiste en train de réaliser une performance avec, au loin, le fleuve Saint-Laurent et les montagnes de la région. Elle porte un costume de l’Opéra de Pékin, ainsi qu’un casque de réalité virtuelle (RV) lui montrant une série de gestes et de mouvements de danse à effectuer, sur un fond représentant la Grande Muraille de Chine. La RV étant une sorte d’illusion, Dong pouvait toucher et sentir le paysage québécois lors de la création de cette photo, alors qu’elle était visuellement immergée dans le paysage chinois de la Grande Muraille. Dans son travail, elle traite principalement des intersections culturelles créées par la mondialisation et se demande ce que cela signifie d’être citoyenne du monde aujourd’hui.
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Clara Cousineau
Mise en relief A-Z – couleur (l), 2021
Impression en relief sur support embossé
36,83 x 60,96 cm
Cette œuvre a été réalisée sur un papier ancien datant de plus d’un siècle. Il servait originellement à des tests d’impression pour les quotidiens
Le Soleil et
L’Évènement. Il a été trouvé par hasard, avec d’autres exemplaires, à l’intérieur des murs d’une maison lors de travaux de rénovation. Sur ce papier embossé, l’artiste a superposé l’estampe d’un vase bleu en dégradé. Il s’agit de l’une des figures d’un répertoire de formes qu’elle utilise pour suggérer l’univers intérieur et féminin. Elle souhaite ainsi créer un effet de contraste avec les caractères d’imprimerie associés aux médias de masse, dont les contenus sont souvent liés à la politique et au pouvoir, détenus essentiellement par les hommes au début du 20e siècle.
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Graeme Patterson
Ghost Birds 9, 2019
Bois, papier, plexiglas, métal, plastique, peinture acrylique
30,5 x 19 x 16 cm
Ce bas-relief est issu d’une série de dix. En s’inspirant du thème de la maison, récurrent dans son travail, l’artiste propose sur cette petite maquette un récit impliquant un oiseau qui laisse son empreinte après avoir heurté une fenêtre. Cette trace fantomatique évoque le drame de l’oiseau trompé par la fenêtre, le faux gazon et le papier peint à motif de paysage. L’œuvre, touchante et ludique, évoque les relations que les humains entretiennent avec leur environnement et les multiples barrières physiques qu’ils dressent à l’intérieur et autour de celui-ci. Le travail de l’artiste est le fruit d’un processus de création lent et méticuleux où les détails, lorsqu’on les découvre, sont riches d’une forte charge émotive et où le rêve côtoie le jeu, le souvenir et la nostalgie.
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Adad Hannah
Saskatoon Guernica, 2022
Impression à pigments sur papier de qualité archive
Édition 4 de 5
63,5 x 121,9 cm
Inspirée de
Guernica de Pablo Picasso, cette photographie a été réalisée à la suite d’une invitation du Musée Remai Modern de Saskatoon, à l’occasion de sa grande exposition
Guernica Remastered [« Guernica remasterisée »]. En 1937, à la suite de l’attaque du village de Guernica en Espagne, Picasso a peint le tableau devenu un symbole antiguerre. Alors que l’œuvre originale de Picasso évoque les conséquences d’un bombardement brutal, la version d’Hannah incorpore divers objets du quotidien, assemblés de façon fantaisiste. À première vue, l’effet d’ensemble est celui d’une brocante aux objets hétéroclites. Toutefois, en comparant la photo avec le
Guernica original, on découvre les stratégies visuelles employées par l’artiste pour évoquer la composition de l’œuvre emblématique. C’est en travaillant en collaboration avec des résidents de Saskatoon qu’Hannah a réalisé cette composition sophistiquée, reprenant ainsi le processus de Picasso, qui avait également fait appel à Dora Maar et au poète Paul Eluard pour la réalisation de
Guernica.
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Ari Bayuaji
The Jellyfish [Méduse], 2022
Fils de plastique, perles de pierre, cuivre et coton tissé sur cintre en bois
123,2 x 91,4 x 5 cm
Weaving The Ocean [« Tisser l’océan »] est une série que l’artiste a commencée en 2020, après la fermeture des frontières en raison de la pandémie mondiale. Isolé sur l’ile de Bali, il a alors fait deux observations sur l’état de la situation, soit l’étendue des conséquences de la disparition de l’industrie touristique et l’ampleur de la pollution environnementale des plages. Voulant collaborer avec la population locale, il s’est alors investi à revaloriser en œuvres d’art les cordes de plastique jonchant les plages. Il a redivisé les cordes en petits fils, qu’il a pu ensuite utiliser pour faire des tissages. Valorisant les savoir-faire traditionnels balinais grâce à ce matériau, l’artiste a pu collaborer avec la communauté locale et faire tisser ses œuvres selon ses directives. L’œuvre
The Jellyfish est entièrement réalisée à partir de filets de plastique ainsi revalorisés. Ici, l’artiste évoque les profondeurs de l’océan et représente des méduses, mais il évoque simultanément l’omniprésence du plastique lui-même dans l’eau. Œuvre poétique qui porte à réfléchir, cette pièce invite autant à la contemplation qu’à la réflexion sur notre pouvoir de changer le cours des choses.
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Ed Pien
Spero Heads [« Têtes d’espoir »], 2010
Impression numérique archive unique, découpée à la main
81,3 x 120 x 8 cm
Cette photographie découpée s’apparente aux découpages traditionnels de papier chinois. L’artiste s’inspire de mythes asiatiques ou de contes occidentaux pour créer ses univers fantastiques et inquiétants. Ses personnages énigmatiques aux grandeurs variées – enfants ou lilliputiens – marchent en équilibre, tels des fantômes, sur les branches de cette forêt broussailleuse. Ici, notre œil est trompé puisque, derrière le papier découpé, on peut voir les ombres du papier et celles reproduites en trompe-l’œil par une photographie d’ombres. Cette cohabitation, entre le réel et la reproduction, ajoute un effet de profondeur à l’œuvre, qui semble émerger du mur.
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Shanie Tomassini
Longue lune, 2018
Hydrostone et peinture
121,92 x 53,34 x 10,16 cm
Ce bas-relief à l’apparence trompeuse ressemble à un éclat d’une paroi de caverne ou encore à un fragment de sol lunaire. En s’inspirant des mathématiques et de la topologie, l’artiste a su construire un objet fixe qui pourtant se transforme subtilement lorsqu’on se déplace devant. Sa surface grise et accidentée passe ainsi du gris pâle au gris foncé. Cet objet insolite, à l’apparence naturelle, semble également sortir d’une autre dimension et nous invite à lui donner un sens ou une histoire. L’artiste souhaite ainsi ébranler nos perceptions, et remettre en question nos aprioris et notre compréhension de ce que nous voyons.
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Matt Shane
Pink Rock Quarters, de la série « Solastalgie », 2020
Huile sur toile
91,5 X 122 X 3 cm
Le philosophe de l’environnement Glenn Albrecht a créé le mot « solastalgie » afin de décrire une forme de détresse psychologique existentielle liée à la destruction de notre environnement naturel. Ce concept, proche de la notion d’écoanxiété, a inspiré l’artiste pour la réalisation de cette peinture. Reprenant en partie une composition visuelle de type Google Earth, notamment les perspectives faussées, l’artiste nous transporte en un lieu lointain, hors d’atteinte, que le logiciel ne pourrait pas nous présenter. Pour l’artiste, l’utilisation de différentes teintes de rouge fait référence aux images recréées à partir d’ondes captées par des satellites, comme si celles-ci nous permettaient de voir plus loin encore. Ce paysage idéalisé semble déformé par la chaleur. Le bâtiment au centre du tableau est littéralement en train de fondre au soleil, matérialisant ici les pires cauchemars liés aux changements climatiques.
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Simon Bertrand
Solaris, de la série « Inlandscape », 2022
Pastel sur papier
50 X 70 X 3 cm
Ce dessin sensible, évoquant l’immensité d’un ciel animé sur un horizon lointain de coucher de soleil, a été réalisé par des gestes répétitifs de l’artiste. Le pastel pâle sur papier noir a été déposé en fines lignes qui, par leur multiplicité, génèrent des formes sinueuses, entre étoiles et aurores boréales. Le titre réfère au roman de science-fiction du même nom, dans lequel les rêves se matérialisent devant les protagonistes coincés sur la planète Solaris. La métaphysique, l’alchimie et la physique quantique sont des thèmes que l’artiste souhaite explorer et ce paysage énigmatique y parvient par sa familière étrangeté.
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Caroline Monnet
Snug [Confortable], 2022
Broderie sur bâche étanche
96,5 x 71 x 3 cm
L’artiste d’origine anichinabée et française s’intéresse à l’identité autochtone, à la vie biculturelle et aux impacts négatifs de la colonisation. S’inspirant des motifs anichinabés traditionnels, elle réalise ses œuvres en y intégrant des motifs qui évoquent les technologies numériques, comme les micropuces. Il en résulte de nouvelles formes hybrides, qui deviennent pour l’artiste un modèle culturel alternatif. La broderie de Snug [« Confortable »] a été réalisée sur une bâche étanche que l’on utilise habituellement comme matériau de construction. Ce choix a pour but de symboliser le bien-être domestique et aussi de rappeler les conditions de vie difficiles des communautés et le délabrement de plusieurs maisons dans les réserves. Bien que l’effet d’ensemble soit minimaliste, l’œuvre, par son propos et ses références, porte en elle une forte charge émotive.
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